Revue de presse | 25 décembre 2015

C’est mon métier : éditeur de variétés fruitières

Un acteur majeur du progrès

 

Quels sont les fondamentaux du métier d’éditeur de variétés fruitières ?

L’éditeur opère en amont de la filière, entre créateur des variétés et production et commerce. Cette situation vaut d’être en contact avec tous les acteurs, notamment dans les démarches filière, souvent dénommées « club », comme nous l’avons fait pour Pink Lady®, Nectavigne®, Joya® ou Orangered®. Au mot « club », je préfère d’ailleurs la désignation de « démarche filière ».Ce dont on parle, c’est bien d’un engagement commun vers un but ultime : créer l’intérêt par l’innovation et satisfaire en per­manence le consommateur par la qualité.

Mais avant cela, le métier est technique avec l’évaluation des variétés remi­ses par les obtenteurs, ou la promotion du matériel sélec­tionné auprès des producteurs et des réseaux techniques. Chez Star Fruits, ce travail est conduit par les pépiniéris­tes membres fondateurs.

La seconde partie du métier est administrative et juridique. Nous gérons des droits de pro­priété intellectuelle, brevets (COV) ou marques. Comme dans toute économie « immatérielle » (musique, littéra­ture, informatique … ), cela signifie procédures, contrats, suivis de licences et traitement légal des contrefaçons.

Enfin, notre activité requiert un volet relation filière crois­sant avec la globalisation de l’économie et l’intégration du facteur « génétique variétale » dans les politiques produits des entreprises. C’est un métier pluridisciplinaire, de la technique au marketing, qui s’appuie sur des prestataires spécialistes et qui nécessite une forte présence sur le ter­rain à l’échelle planétaire. C’est enfin un métier qui exige imagination, rigueur, persévérance, humilité, respect de principes directeurs, loyauté et autorité : il faut en perma­nence défricher des espaces nouveaux tout en gardant le cap dans un environnement mouvant et sur une échelle de temps qui se compte en décennie! Notre métier, c’est finalement de partager avec la filière, autour de la création variétale, des projets techniques et économiques cohé­rents, porteurs de sens et de développement.

Comment s’effectue le développement des variétés fruitières ?

Une fois vérifiées, notamment en relation avec le réseau technique français (Ctifl, stations régionales), les capacités d’une sélection à produire dans des conditions économi­ques encourageantes un fruit de qualité, nous procédons à sa protection et à sa certification.

La valorisation s’opère ensuite soit au travers du schéma classique de promotion et de distribution des variétés par des pépiniéristes agréés, soit au travers de schémas plus exclusifs.

Ce second schéma tend à se multiplier. Le succès de la démarche Pink Lady® n’y est peut-être pas étranger… Nous n’en faisons pas une règle à Star Fruits. Il faut qu’il y ait conjonction d’une grande variété (ou gamme) distinctive, d’un marché ouvert à l’innovation et, surtout, de professionnels enga­gés. Ce second schéma est en effet gourmand en éner­gie, ressources et intelligence des acteurs. Mais c’est le prix pour accompagner le progrès génétique jusqu’au consommateur et pour faire en sorte qu’innovation rime avec progrès économique pour tous les acteurs, de l’obten­teur au distributeur.

La philosophie de Star Fruits repose sur ce partage le plus large des apports de la génétique. Mais, nous attendons en retour que le professionnalisme des acteurs assure la valorisation et la meilleure expres­sion qualitative du potentiel des variétés fruitières offertes. Avec la démarche Pink Lady®, nous avons proposé un accompa­gnement du produit au consommateur afin d’apporter une permanence à la qualité offerte par une intégration verticale de la politique produit et par une approche impli­quant les acteurs. Nous pensons qu’un modèle pluri-par­tenarial respecte mieux toutes les parties, à l’inverse des schémas monopolistiques qui émergent quand l’innova­tion est captée par des acteurs économiques dominants.

Quelles sont les valeurs spécifiques de l’édition française ?

Elle est historiquement très forte car elle a pu s’appuyer en France, dès les années 50 sur le règlement UPOV rela­tif à la protection des obtentions combiné avec la mise en place de la certification fruitière. Ainsi, les obtenteurs ont pu bénéficier d’un marché respectant leurs droits. Les pépiniéristes français, regroupés au sein de sociétés d’édition comme Star Fruits, ont pu ainsi devenir attrac­tifs pour les obtenteurs mondiaux. Cela a permis aux arboriculteurs français de bénéficier d’un accès privilé­gié à l’innovation.

Dans les années 90, l’instauration du COV communautaire a laissé entrevoir la possibilité d’ex­ ploiter le territoire de l’Union. Mais de fortes distorsions persistent au sein de l’UE car la législation communau­taire n’est pas appliquée de manière homogène, tant s’en faut ! C’est pourquoi nous avons créé Edifruit comme lieu de défense des intérêts des éditeurs français sur ces questions. Les producteurs français font face à des dis­torsions économiques, les éditeurs font face, eux, à des distorsions légales. Là encore, producteurs et éditeurs-pé­piniéristes français sont liés par des intérêts communs. C’est d’ailleurs cette communauté d’intérêts avec la pro­duction fruitière française qui guide Star Fruits et ses membres dans leur engagement quotidien au service de l’arboriculture française.•